Comment rendre hommage non seulement à la bicyclette mais aussi à ses multiples pièces détachées, entre brillantes roues chromées et modestes rustines collées sur le pneu ? Et comment donner une humanité à ces matières souvent froides et métalliques, ou parfois plastifiées ? Pari difficile qui se révèle peut-être envisageable si on écoute simplement ce qui se dit, des gens qui parlent non seulement de la féminine bicyclette, mais aussi du masculin vélo, ou encore du dépréciatif clou ou de l’affectueuse petite reine. Et que l’on tende aussi l’oreille vers d’autres sonorités et d’autres langues, et que l’on essaie de raconter ces mystérieux chevaux d’acier ou diables roulants.

Par la richesse linguistique et par une réjouissante diversité, le vélo en vient ainsi à acquérir un supplément d’âme. Mais l’exercice ne s’arrête pas au seul concept de bicyclette : quelques célèbres marques de vélos sont ainsi mises en exergue. Là aussi, il est question de mots, d’affectif et de travail, ou en d’autres termes de fragments d’histoire, de géographie et de sociologie. Car ces quelques marques plus ou moins célèbres de vélos sont replacées dans leur contexte, fait notamment de fabriques, de localités et d’ouvriers.

Une démarche similaire s’applique aux pièces détachées, qu’il s’agisse de valves de chambres à air ou de dynamos. La recherche se limite volontairement à la France et à la Suisse romande et prend naturellement, vu la disparition de nombreux établissements industriels en Europe, quelques tonalités nostalgiques.